Des mouvements saccadés, des gémissements, des larmes… La personne qui partage votre lit est en plein cauchemar et doit vivre “mentalement” une expérience désagréable. D’instinct, vous aimeriez la réveiller pour la rassurer et l’apaiser.
Mettre un terme au cauchemar en cours est une erreur
Pour les scientifiques qui étudient le sommeil, la réponse est non : on ne gagne rien à réveiller une personne en plein cauchemar, pour la bonne raison que ce mauvais rêve pourrait alors rester en mémoire.
Ainsi, pendant le sommeil paradoxal, le sommeil pendant lequel nous rêvons, les zones cérébrales responsables du stockage de la mémoire à long terme présentent une activation altérée, de sorte que les gens n’ont pas tendance à se souvenir de leurs cauchemars. Une fois le rêveur réveillé, ces régions de mémoire à long terme reviennent à l’état normal. La plupart du temps, une personne qui fait un cauchemar ne se distinguera pas d’un rêveur paisible.
On ne réveille pas non plus la personne prise d’une terreur nocturne
Si quelqu’un semble physiquement en détresse pendant son sommeil comme celui-ci, le souffle court, des cris… il est plus probable qu’il s’agisse alors d’une terreur nocturne, une expérience neurologique différente, qui touche principalement les enfants.
Agir quand les cauchemars deviennent récurrents
Ne pas réveiller une personne en plein cauchemar ne signifie pas pour autant traiter l’événement à la légère. En effet, un cauchemar anecdotique n’a rien d’alarmant. Mais quand ceux-ci s’enchaînent, se répètent, réveillent la personne, ils peuvent aussi être le reflet des expériences stressantes vécues dans le quotidien ou le passé. Au début de la pandémie de COVID par exemple, une étude a démontré que les gens faisaient davantage de cauchemars. Ceux-ci portaient généralement sur la maladie, le confinement et les microbes… Des éléments nouveaux, permanents et inquiétants, dans nos vies.
Les cauchemars peuvent aussi être le fait d’un traumatisme plus profond, d’une expérience traumatisante, qui peut éventuellement ralentir la guérison d’une personne, celle-ci revivant dans ses rêves et malgré elle le stress subit dans sa vie. Dans ce cas, il est nécessaire non pas de réveiller la personne mais d’agir avec un professionnel de santé. Un suivi peut s’imposer pour découvrir et traiter la cause des cauchemars.
Une thérapie par l’image peut aussi fonctionner. Dans une méta-analyse d’études réalisée en 2020, les chercheurs ont découvert que ce traitement, appelé ”thérapie par répétition d’images”, était probablement aussi efficace que les médicaments pour mettre fin aux cauchemars post-traumatiques. Selon l’étude, la méthode peut également fonctionner pour les cauchemars répétés ou les mauvais rêves qui reviennent, parfois depuis des années. Selon les auteurs, “si les cauchemars sont particulièrement persistants ou pénibles, ou s’ils sont le résultat d’un traumatisme, il est préférable de demander l’aide d’un professionnel.”