Pourquoi avons-nous peur du changement ?

Pourquoi avons-nous peur du changement ?

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Bien souvent, au coeur de l’immobilité et de la rigidité se cache la peur du changement, de l’inconnu et de la perte.
Pour survivre, tant physiquement que psychiquement, nous avons besoin d’être en cohérence avec nous même et avec notre environnement. Tandis que chez l’animal on ne distingue que l’instinct de conservation, qui vise à assurer la reproduction de l’espèce grâce à la répétition de comportements déterminés, chez l’être humain on distingue d’une part cette tendance nécessaire à la conservation, et d’autre part un désir de croissance qui lui permet d’avancer en durant dans un rapport créatif au monde. Pulsion de Mort (instinct de conservation) et pulsion de Vie (pulsion de croissance) constituent les deux pôles de la Pulsion du Sujet.

Créatifs et adaptables, nous le sommes dès notre naissance, nous qui venons au monde inachevés, avec un cerveau non spécialisé et capable de se laisser modeler par l’expérimentation et les apprentissages… En ce sens, de toutes les espèces vivantes l’homme est sans doute la plus « à l’image de l’Incréé », c’est-à-dire disposant d’un libre arbitre pour faire de sa vie ce qu’il souhaite. Nous sommes donc, au moins potentiellement, une espèce “naturellement” douée pour le changement.

C’est ainsi qu’au quotidien, pour rester vivifiés et performants, nous nous adaptons d’une part à la réalité objective des cadres dans lesquels nous évoluons (les lois sociales et les lois naturelles auxquelles nous sommes soumis) et à la réalité subjective (qui nous sommes, avec notre histoire, nos talents et nos limites, et dans quelle mesure nous pouvons les faire évoluer). D’autre part, nous ajustons aussi nos comportements au Réel (l’imprévisible). Ainsi l’impact d’une catastrophe naturelle (tsunami, incendies, tremblements de terre) aura pour effet de nouvelles normes de construction et de nouvelles lois qui nous permettrons de mieux faire face lors de prochaines expositions.

 

 

A quel moment, dans quelles circonstances nous laissons-nous exiler de cette capacité naturelle d’adaptation et décidons-nous de rester figés ? Soit nous nous installons dans la plainte et nous nous posons en victimes cherchant coupables (ce qui m’arrive, c’est la faute de l’autre, de mon adolescent, de mon conjoint, de mon patron, du président, de dieu…), soit nous entrons dans une résistance agressive, brandissant l’étendard de nos certitudes vis à vis de l’inconnu et de tout ce qui pourrait nous en déloger.

Dans le premier cas, la personne est dans la jouissance de son statut de victime, qui lui permet de mobiliser son petit monde autour d’elle en d’en retirer un maximum d’énergie. Dans le second cas, la personne se met en « arrêt de penser » et s’en remet à son idéologie, à son Grand Homme (maître à penser) ou à son dieu (Grand Autre), qui lui dicte alors tous ses faits et gestes. A coup de certitudes elle agresse quiconque voudrait la faire bouger. Dans les deux cas le bénéfice est de faire l’économie de l’angoisse (et de la responsabilité) de pouvoir choisir sa vie, et d’éviter la remise en question qui permet d’avancer. Et dans les deux cas le risque est de fabriquer un symptôme, car sous couvert de nous protéger, cette peur du pire nous exile finalement de notre capacité à rester acteur de notre vie.
Par ailleurs, ce qui peut constituer un facteur aggravant pour les sujets fragiles, c’est que le monde dans lequel nous vivons actuellement est plus que jamais « en mouvement », avec une accélération notoire depuis l’émergence des réseaux numériques vers la fin des années 90s : nous n’évoluons plus désormais dans des structures linéaires, verticales et stables, mais au sein de réseaux complexes, dont l’amplitude et la mobilité peut donner le vertige. C’est ainsi qu’on a pu assister au début de ce siècle, par l’intermédiaire du Web 2.0 et des réseaux sociaux, à l’émergence d’une autre forme de démocratie, transversale cette fois, qui se manifeste à travers le « crowd sourcing », « crowd funding », « co-working », nouveaux modes d’expression et de mobilisation (mouvement des Gilets Jaunes), de production et de consommation dit « participatifs », qui font appel à l’intelligence (ou à la bêtise, d’ailleurs) collective.

 

Cet environnement mouvant bouleverse l’organisation de l’économie mondiale, bouscule nos valeurs, nos modèles et nos institutions, et nous invite à réformer, ce qui ne va pas sans générer angoisses et résistances qui s’expriment sous la forme de réflexes conservateurs, de rigidités communautaristes ou populistes pour empêcher le changement et éviter la perte.
Que pouvons-nous faire pour changer ?
Car changer, c’est d’abord perdre quelque chose : pour faire un pas en avant, il faut dans un premier temps perdre l’équilibre en lâchant l’appui d’une des jambes, avant de la reposer ensuite plus loin… Il s’agit donc de faire un deuil : celui d’une stabilité, d’une situation, d’une attente, d’un confort, d’une croyance ou d’une routine, devenues inadaptées à la réalité dans laquelle nous nous trouvons ou à l’objectif que nous poursuivons. Pour autant nous ne sommes pas prêts à lâcher cela facilement puisque cela nous procure des avantages inconscients, même si nous en souffrons. A un « bien » inconnu ou incertain, nous préférons souvent un « mal » que nous connaissons bien.

Selon les expériences de vie que nous avons traversées et la façon dont nous nous sommes structurés psychiquement, nous avons plus ou moins de facilité à affronter la perte, à entrer avec souplesse dans cette « confiance en la Vie » qui permet le faire le pari qu’on aura plus à gagner qu’à perdre au changement.
C’est pourquoi, en thérapie comme en coaching, la demande du consultant est paradoxale : « aidez-moi à changer tout en restant le/la même ! ». Sa méconnaissance du problème et sa pulsion conservatrice l’entraînent le plus souvent à se tromper de cible (par exemple, dans le cas d’un burn-out, vouloir s’efforcer de « tenir à tout prix » plutôt que d’entendre ce que le mal- être vient dire). Et lorsque la vraie demande émerge enfin c’est rarement sans soulever des résistances, car le consultant s’aperçoit qu’il lui faut faire le deuil d’anciens comportements ou d’anciennes croyances qui, à un moment de son histoire, lui ont procurés, et lui procurent peut-être encore, bien des avantages avant de devenir dysfonctionnelles.

Le travail du thérapeute ou de l’accompagnant vas donc être, dans un premier temps, d’accueillir et de valider ces résistances, puis de soutenir le consultant dans son désir de cheminement courageux vers la reconnaissance et l’acceptation bienveillante de lui-même, de ses talents mais aussi de ses limites, pour apprendre à mieux s’en protéger. De cet endroit seulement, réconcilié avec lui-même, le consultant peut alors prendre appui sur qui il est pour continuer de progresser vers une meilleur version de lui-même.
Depuis cet endroit (établis dans la Foi en la Vie), il nous arrive encore d’avoir peur, car la peur protège et nous incite à nous donner les bonnes protections. Mais elle a cessé de nous exiler du Présent sous prétexte d’un futur anxiogène. Nous devenons davantage ouverts, instant après instant, à nous-même, aux autres et aux situations, comme unifiés dans un « Eternel Présent ». Et nous pouvons enfin jouir de nous apercevoir que ce que nous semons, jour après jour, contribue à nous faire avancer et à bâtir le monde de demain.

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