Invité dans “Vivement dimanche”, Patrick Fiori a pris la parole sur un sujet sensible : le conflit qui oppose l’Arménie et l’Azerbaïdjan pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh. Très ému, il explique avoir alerté les médias français il y a deux ans sur la situation mais que personne ne l’a écouté.

Alors que Samvel Chakhramanian, le président de cet état non reconnu par l’ONU, est entré dans ses fonctions le 10 septembre dernier, il a annoncé 18 jours plus tard que la « République du Haut-Karabakh cesse son existence » et que « toutes les institutions gouvernementales et organisations seront dissoutes au 1er janvier 2024 ». Cela fait suite à une offensive militaire de l’Azerbaïdjan sur le territoire pour en reprendre le contrôle. Ce qui a forcé plus de 68.000 habitants à fuir cet état pour se réfugier en Arménie, dont le désormais ancien président Samvel Chakhramanian. « C’est une immense douleur d’avoir tout laissé là-bas, la tombe de mon mari est là-bas, sur le moment, on a pensé qu’à sauver les vivants et à fuir » témoigne Sveta, réfugiée du Haut-Karabakh ayant fui vers l’Arménie.

Cette situation bouleverse profondément la communauté internationale, et notamment Patrick Fiori. Invité de “Vivement dimanche” sur France 3, le chanteur corse, qui a des origines arméniennes par son père, a rappelé qu’il a déjà alerté sur la situation il y a deux ans. Mais que personne ne l’a écouté à l’époque : « Je suis parti avec une délégation française et déjà il y avait des choses absolument horribles qui s’y passaient. J’avais sollicité des journalistes français pour m’accompagner et pour leur expliquer à mon retour car j’avais vu des choses que je ne devais pas voir. Ça n’intéressait pas grand monde à l’époque ». Selon l’interprète de “Terra Corsa”, « il faut que les plafonds tombent pour que les gens regardent ». Ce qui le « dérange » beaucoup : « Là tout le monde arrive, tout le monde intervient, tout le monde dit ce qu’il a à dire mais c’est tard, il y a deux ans déjà j’aurais pu, nous aurions pu, avertir déjà la population, les Etats, le monde et on nous a pas écouté ».

Patrick Fiori en profite pour mettre les choses au clair sur ce pays, dont était également originaire Charles Aznavour : « L’Arménie, ce n’est pas que du papier en fait. Ce sont des gens merveilleux, c’est le berceau du christianisme et en fait je crois que je suis troublé, profondément troublé, par ce qui arrive mais je crois que ce qui me trouble le plus c’est l’indifférence, c’est quand on est indifférent devant un tel massacre ». « On a vu les bombes qui explosent à peu près 1,5 mètre à hauteur d’homme qui détruisent des écoles comme des enfants, comme des familles… » poursuit-il, ému aux larmes, même s’il « garde l’espoir » : « C’est mon père qui le dit : “Chaque Arménien est une lumière”. Et à chaque fois qu’un Arménien tombe, il y en a un autre qui nait. Je souhaite de tout mon coeur que ces gens-là se remettent de tout ça, s’ils en ont la possibilité, la capacité. Je suis meurtri comme des millions d’Arméniens, comme des millions de personnes qui ont regardé cet acharnement, et ce massacre sous leurs yeux sans intervenir ».

« Déçu » par la prise de conscience tardive du monde sur la situation, Patrick Fiori se dit « en colère », mais avoue ne pas avoir de haine : « Il y a eu un acharnement vraiment assez conséquent, j’ai de la famille moi là-bas. (…) Sur ces terres là-bas, il y a mes arrières-grands-parents qui sont enterrés, je voulais emmener mes enfants, mais je ne pourrai plus, voilà fin de l’histoire. Mais l’histoire continue. On se relèvera, je l’espère de tout mon coeur, de cela aussi ». Une prise de parole nécessaire et suivie par 805.000 téléspectateurs.