Lacrim est de retour et en pleine forme avec un nouvel EP de quatre pistes répondant au nom de “Sale époque”. Et pour illustrer ce nouveau projet, il vient même de dévoiler simultanément deux nouveaux clips, ceux de “Code barre” et “Main moite”.
En effet, celui qui a dévoilé il y a quelques temps un freestyle nommé “Florent Pagny” vient de récidiver avec un EP incisif composé de quatre morceaux, pour environ 13 minutes d’écoute, intitulé “Sale époque”.
Montrant les muscles, celui qui a explosé au cours des années 2010, faisant notamment parler de lui pour sa célèbre cavale particulièrement médiatisée et grâce à plusieurs disques restés dans les mémoires (“Corleone” en 2014 notamment), a misé sur une recette particulièrement efficace et fidèle à la proposition musicale qu’il développe depuis ses débuts, avec autant de rap explosif (“Main moite” et “Tous les silences ne font pas le même bruit”) que de chansons plus mélodieuses (“Training day” et “Code barre”), pour mettre en avant ses textes portés par sa voix grave, reconnaissable entre mille.
Mais loin de se contenter de cette sortie qui ravira ses nombreux fans, Lacrim a dévoilé simultanément deux clips pour le prix d’un, avec les supports visuels des morceaux “Main moite” et “Code barre”, soit l’intro et l’outro de ce nouveau projet. Dans le premier d’entre eux, on peut apercevoir le rappeur sur plusieurs plans tournés la nuit, arpenter les rues dans une ambiance sombre et pesante, avec quelques passages avec sa garde rapprochée à la station essence.
Dans le second, beaucoup plus contemplatif, Karim Zenoud de son vrai nom se retrouve dans la nature au milieu de splendides décors. L’illustration parfaite de son titre, dans lequel il se questionne sur la société et les différents débats qui viennent régulièrement l’agiter, notamment plusieurs sujets marquants de ces derniers mois comme le scandale du meurtre du jeune Nahel à Nanterre, tué par un policier, mais aussi le port de l’abaya à l’école ou encore l’âge de la retraite qui ne cesse de reculer. Une démarche qui pourrait presque s’apparenter à une forme de “rap conscient”, courant à l’appellation quelque peu bâtarde désignant une forme de hip-hop politisée. En atteste notamment l’utilisation de cette punchline pour ouvrir le morceau : « À quoi sert de faire du rap si on ne prend pas position ? ». Celle-ci fait directement écho au titre “Boxe Avec Les Mots” du duo Ärsenik, extrait de leur premier album (et immense classique du rap français) “Quelques gouttes suffisent…” paru en 1998. Calbo, moitié du duo et frère de Lino, y déclarait alors : « Qui prétend faire du rap sans prendre position ? ». Une phrase historique qui a depuis été reprise de nombreuses fois, notamment par Assassin, Keny Arkana ou Youssoupha, pour ne citer qu’eux. On peut également noter que Lacrim relaie dans ce titre des fake news souvent issues de la sphère complotiste de lobby réactionnaire anti-LGBT (la nouvelle lubie de certains rappeurs français, Rohff en tête), comme le relèvent nos confrères de Têtu, et forcément ça vient un peu tout gâcher.
Toutefois, c’est une nouvelle preuve de l’évolution permanente de Lacrim, qui fait un clin d’oeil à son propre héritage avec l’intitulé de son projet. “Sale époque” était effectivement le nom d’une des tracks de sa toute première mixtape “Liberté provisoire”, livrée en 2010, tandis qu’il avait également sorti une chanson baptisée “Sale époque 2” sur le premier volume de sa série de mixtape “R.I.P.R.O.” cinq ans plus tard. Reste maintenant à voir quels seront les prochains projets de Lacrim. Un album commun avec Mister You, celui qui lui a fait découvrir le rap en prison, est dans les tuyaux et a été officialisé en mai dernier avec un premier extrait répondant au nom de “Gogeta”. Seulement, aucune date de sortie n’a pour l’instant été communiquée, et sachant que Mister You vient de lâcher son nouvel album “HLM 3” (pour “Hasta La Muerte 3”), il faudra probablement encore s’armer d’un peu de patience.