L’actrice de 74 ans s’exprime dans L’Obs longuement sur un autre sujet, qui est au coeur de sa dernière performance que le public découvrira à partir du 20 décembre dans Ma France à moi. Elle qui incarne une Parisienne qui accueille chez elle un réfugié afghan parlera de ses choix de cinéma, quitte à rogner sur son salaire.
Quand un rôle lui plaît, Fanny Ardant embarque dans l’aventure. Elle ne met pas de soi dans son personnage, dit-elle, mais elle met tout. Elle s’engage et cela passe par des sacrifices sur son cachet : “Benoît Cohen [le réalisateur de Ma France à moi] disposait de plus d’argent pour faire le film et me demandait de loin en loin : ‘Etes-vous toujours d’accord ?’ Ce personnage, je l’attendais.” Pour que ce projet se concrétise, elle a donc baissé son cachet : “Absolument, je m’en fiche. Le cinéma et le théâtre doivent rester du domaine de l’enfance.”
Fanny Ardant est formelle : “Il ne faut pas que l’industrie prenne le pas sur l’art.” Au passage, elle applaudira la politique mise en place par l’ancien ministre de la Culture Jack Lang, regrettant que d’autres pays européens n’aient pas suivi ses idées. Politisée par goût, celle qui a été étudiante passionnée qui admirait celles et ceux qui voulaient des changements radicaux, garde sa volonté de ne pas rester dans les clous.
Mère de trois filles – Lumir avec Dominique Leverd en avril 1975, Joséphine avec François Truffaut en septembre 1983 et Baladine avec Fabio Conversi en avril 1989 – elle pourrait accueillir un migrant comme son personnage, sous certaines conditions : “J’y ai songé avant le film. Notamment lors de la guerre en Syrie. Mais je suis profondément asociale. Il faudrait donc que ce que quelqu’un ait le même caractère que moi. Je n’ai pas forcément envie de parler au petit-déjeuner, mais donner un lit, ouvrir sa maison, ça oui.”